Image : typographie Kiltro de Rodrigo German.

« Hola, le chien ! Il est où, ton maître ? » (Version bientôt remplacée par une nouvelle, un tantinet désenchantée : « Rha, encore un chien ! Bon sang, il est où, son maître ? ») Pas là, visiblement, et le clébard s’apprête à vous filer le train toute la sainte journée. C’est un phénomène qui frappe rapidement le citadin fraîchement débarqué au Chili : les chiens errants hantent les rues, se rassemblant quelquefois en meutes peu engageantes.

Ceux qu’on appelle les « kiltros » seraient au nombre de 250 000 dans le pays, et il semble qu’aucune mesure ne soit prise pour régler ce qui est devenu un important problème de santé publique : les attaques de chiens alimentent quotidiennement la rubrique « faits divers » des journaux. En 2009, 25 000 personnes auraient été victimes de morsures, dont 1 % constituait des cas graves. Aucune fourrière à l’horizon, aucune politique concertée et aucune instance en charge du problème, chaque ville prenant (ou non) des mesures à sa manière et selon ses moyens.

Les attaques de chiens provoquent régulièrement la mort de gens. Il en a fallu deux nouvelles, celle d’une mère et de sa fille, en 2010, pour qu’un projet de loi approuvé par la commission de santé du Sénat en 2009 soit à nouveau exhumé. La loi ne permettait auparavant que de stériliser les chiens errants.

Ce projet suscite la polémique dans la mesure où la loi prévoit d'autoriser l’euthanasie des chiens malades ou agressifs. Mais si les projecteurs se focalisent sur cette question, il ne faudrait pas oublier l’esprit de ce projet, qui établit la responsabilité civile et pénale du propriétaire du chien. A défaut, les municipalités sont mises en cause. Elles sont désormais tenues de créer des chenils et d’y garder les chiens errants.

Que ce soit dans les rue de Pucón, de Valparaíso (un chien pour quatre habitants !), de Valdivia ou d’Ancud (exemples vécus), vous pouvez être amené à faire de sacrés détours pour éviter ces chiens parfois très collants, de quoi se gâcher le plaisir de la promenade, voire d’y renoncer, surtout le soir venu. Le plus étonnant, découvre-t-on, c’est que 80 % des chiens à l’origine de ces attaques ont des propriétaires, dont certains comptent parmi les victimes.

On accuse le manque de responsabilité de ces propriétaires peu scrupuleux qui ne vaccinent pas leur chien, ne le stérilisent pas, l’abandonnent ou le laissent vagabonder sans l’accompagner. On reproche également aux propriétaires de chiens dangereux – pit-bulls, rottweilers, bull-terriers – de ne pas savoir contrôler leur chien, faute de connaissances en matière de dressage.

Certes il y a de charmants toutous, régulièrement nourris par les gens du quartier, qui ne font montre d’aucune agressivité. Vivement tout de même qu’on voie les résultats de cette nouvelle loi.

Sources

Céline Masfrand, « Santiago, une ville qui a du (des) chien(s) », Lepetitjournal.com, 26 octobre 2010.
Anonyme, « Veterinario : “El problema de los perros peligrosos es la tenencoa irresponsable de ellos” », Cooperativa, 4 novembre 2010 (en espagnol).
Anonyme, « Durante el ultimo año, 25 mil personas fueron mordidas por perros en todo el país », Cooperativa, 8 novembre 2010 (en espagnol).
Anonyme, « Municipios insisten en aplicar eutanasia a perros vagos », La Nación, 11 novembre 2010 (en espagnol).
Anonyme, « Ley de tenencia responsable de mascotas : todas las miradas », site de la Policía animal des Chile, 11 novembre 2010 (en espagnol).
Anonyme, « Gobernador respaldó eutanasia de perros vagos tras muerte de menos en Calama », Cooperativa, 9 décembre 2010 (en espagnol).
Marion Bastit, « Perros vagos : la solución está a nuestro alcance, pero requiera la participación de todos », Radio Placeres, 19 janvier 2011 (en espagnol).
Rodrigo German, illustrateur et typographe chilien, rend hommage aux kiltros, qu’il affectionne, à travers une police à leur image, utilisée ici en illustration.

Le kiltro, meilleur ennemi de l’homme ?

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